Fiche connaissances n° 2

Dengue, Chikungunya et Zika

Le moustique tigre peut, dans certaines conditions très particulières, transmettre la dengue, le chikungunya et le Zika.

La dengue, le chikungunya et l’infection à virus Zika sont des maladies infectieuses dues à des virus transmis par les moustiques du genre Aedes, en particulier l’Aedes aegypti et l’Aedes albopictus ou moustique tigre.
Ces maladies sévissent dans les régions tropicales et subtropicales de la planète avec une prédilection pour les zones urbaines et semi-urbaines (du fait du mode de vie et de reproduction de ces moustiques). En 2022, Aedes albopictus est installé dans 67 départements de métropole. Le risque d’épidémie de dengue et/ou de chikungunya et/ou de Zika en métropole y est réel.

Chaque année, en métropole, plusieurs centaines de cas importés (contractés à l’occasion de voyages dans les zones d’épidémie) sont signalés. 

Depuis 2019, des cas autochtones de dengue et de Zika ont été recensés en région PACA comme indiqué ci-dessous :

  • 2019 : 115 cas importés : 109 dengue, 5 chikungunya et 1 Zika; 10 cas autochtones : 3 cas de Zika dans le Var et 7 cas de dengue dans les Alpes-Maritimes
  • 2020 : 121 cas importés : 120 dengue et 1 Zika; 10 cas autochtones de dengue : 7 cas dans les Alpes-Maritimes et 3 cas dans le Var
  • 2021 : 19 cas importés : 18 dengue et 1 chikungunya; 1 cas autochtone de dengue : dans le Var

En 2022, en région PACA, 3 foyers de dengue ont été enregistrés, totalisant 51 cas : 7 cas dans le Var, 44 cas dans les Alpes-Maritimes.

Ces cas sont liés à une transmission locale à partir des cas importés.

C’est pourquoi, lorsque l’on voyage dans les zones où ces maladies sont présentes et circulent (Asie, Océanie, Amérique du Sud ...), il faut se protéger des piqûres de moustiques. Se protéger des piqûres, c’est se protéger des maladies.

Les modes de transmission de ces maladies

En métropole, la dengue, le chikungunya et le Zika peuvent se transmettre par l’intermédiaire du moustique tigre, il s’agit d’une transmission vectorielle.

Lors d’une piqûre, le moustique s'infecte en prélevant le virus dans le sang d'une personne infectée. Le virus se multiplie ensuite dans le moustique pendant une durée de plusieurs jours, appelée phase extrinsèque. A l’issue de cette phase extrinsèque, ce moustique pourra, à l’occasion d’une autre piqûre, transmettre le virus à une nouvelle personne. Le moustique sera ainsi capable d’une telle transmission tout au long de sa vie et pourrait même transmettre le virus à sa descendance. Il n’y a pas de transmission directe du virus d’homme à homme sauf pour le virus du Zika.

Une personne infectée est « contaminante pour les moustiques » au moment où le virus est présent dans son sang, c'est-à-dire pendant la phase virémique de l'infection. Celle-ci commence 1 à 2 jours environ avant le début des signes cliniques (J-1 ou J-2), et dure jusqu’à 7 jours (J7) après (soit de J-1 à J7). Pendant cette période il faut éviter qu’une personne malade ne se fasse piquer, et transmette ainsi le virus à d’autres moustiques. Ceci dans le but d’empêcher qu'un cycle de transmission virale se développe dans l’entourage des malades.

Autres types de transmissions possibles

La transmission vectorielle est le seul mode de contamination de la dengue et du chikungunya. Il existe par contre pour le Zika, un risque de transmission sexuelle et une transmission mère enfant au cours de la grossesse.

© Shutterstock

© Shutterstock

Le chikungunya

Le chikungunya est une maladie généralement bénigne bien qu’invalidante.
Le mot chikungunya signifie « marcher courbé » en Makondé ce qui illustre bien les symptômes de cette maladie.

L’infection est asymptomatique (infection sans aucun symptôme) dans 15 % des cas.
Chez les personnes qui développent des symptômes, après une incubation de 4 à 7 jours en moyenne, une fièvre élevée (supérieure à 38,5°C) apparaît brutalement, accompagnée de douleurs articulaires pouvant être intenses. Surviennent également des douleurs musculaires, des maux de tête et une éruption cutanée.

L’évolution est le plus souvent favorable, sans séquelle, mais l'infection peut aussi évoluer vers une phase chronique marquée par des douleurs articulaires persistantes.
Pendant la convalescence qui peut durer plusieurs semaines, la fatigue peut rester importante.

Fait important, l’immunité acquise après la maladie est durable. Le diagnostic du chikungunya est confirmé par une prise de sang.


© Shutterstock

La dengue

La dengue est une maladie généralement bénigne bien qu’invalidante, mais qui peut se compliquer de formes hémorragiques.
L’infection est asymptomatique (infection sans aucun symptôme) dans 70 % des cas.

Chez les personnes qui développent des symptômes, après une incubation de 5 à 7 jours, une forte fièvre apparaît brutalement (supérieure à 38,5°C), accompagnée de maux de tête, de douleurs musculo-articulaires (sensation de courbatures intenses), rétro-orbitaires (douleurs au niveau des globes oculaires) et d’une fatigue générale. D’autres symptômes tels que des nausées-vomissements et des éruptions cutanées peuvent également se manifester. Les symptômes durent en général une semaine.

La dengue est une maladie qui, dans la majorité des cas, ne présente pas de complication. Néanmoins, en raison de l’existence de formes sévères et de formes hémorragiques (environ 1% des cas symptomatiques), il faut rester très vigilant, et ne surtout pas effectuer d’automédication. La forme hémorragique débute comme une dengue classique. La dengue hémorragique (fièvre, douleurs abdominales, vomissements, hémorragie) est une complication potentiellement mortelle qui touche principalement les enfants. L’apparition de signes d’alarme doit conduire à une exploration et prise en charge hospitalière immédiate.

Le diagnostic de la dengue est confirmé par une prise de sang.

On connaît quatre formes de virus (ou sérotypes) dénommées DEN-1 (pour dengue 1), DEN-2, DEN-3 et DEN-4. L’infection par une de ces 4 formes de virus immunise la personne contre celle-ci, mais pas contre les 3 autres. Ainsi, une personne peut en théorie connaître, au maximum, 4 infections successives avant d’être protégée contre les 4 types de virus.


© Shutterstock

Le Zika

Le Zika est une maladie généralement bénigne bien qu’invalidante, mais dans de rares cas il peut y avoir des complications neurologiques et foetales. Dans 80% des cas, l’infection passe inaperçue.

Après une incubation de 3 à 12 jours, il apparait une éruption cutanée généralisée avec ou sans fièvre (en général, la fièvre est modérée). Les autres symptômes décrits au cours de cette infection sont : conjonctivite, fatigue, douleurs musculaires et articulaires, maux de tête et douleurs rétro-orbitaires. La durée des symptômes est assez courte, de 2 à 7 jours.

Le Zika est une maladie qui, dans la majorité des cas, ne présente pas de complication. Néanmoins, en raison de l’existence de formes avec complications neurologiques, principalement des syndromes de Guillain-Barré, ou des complications embryofoetales, notamment des microcéphalies (taille anormalement petite du cerveau), il faut rester très vigilant. Les femmes enceintes représentent la population la plus à risque. Toute femme enceinte à risque (suspicion clinique, voyage récent en zone d’épidémie, signes d’appel échographique) doit consulter son gynécologue-obstétricien qui pourra l’informer sur les risques liés à une infection Zika et la prise en charge, mettre en place un suivi spécifique de sa grossesse et l’orienter le cas échéant vers un centre pluridisciplinaire de diagnostic prénatal (CPDPN) pour effectuer une surveillance adaptée.

En ce qui concerne la transmission sexuelle du virus Zika, les femmes enceintes doivent éviter tout rapport sexuel non protégé avec un partenaire ayant pu être infecté par le virus Zika, pendant toute la durée de leur grossesse. Les autres femmes et hommes doivent éviter tout rapport sexuel non protégé avec un partenaire infecté ou ayant pu être infecté par le virus Zika.

Le diagnostic est confirmé par une prise de sang ou une analyse des urines.

Les traitements de ces maladies

A ce jour, il n’existe aucun traitement curatif de la dengue, du chikungunya et du Zika. Il n’existe donc que des traitements symptomatiques pour traiter chaque symptôme spécifiquement (douleur, fièvre...).

Il existe cependant un vaccin commercialisé contre la dengue. Les antalgiques prescrits en général sont ceux à base de paracétamol. En raison du risque hémorragique pour la dengue, il est nécessaire d’éviter impérativement la prise d’aspirine et d’anti-inflammatoires. L’efficacité des substances à base de plantes n’a jamais été démontrée.

En cas de fortes fièvres accompagnées de douleurs intenses et d’une grande fatigue :

  • Consulter au plus vite son médecin traitant qui pourra confirmer le diagnostic par des tests sanguins et contrôler les modifications de la formule sanguine (en particulier chute du nombre de plaquettes).

Toutefois, en attendant d’avoir pu consulter un médecin, des mesures simples peuvent être suivies :

  • Se protéger des piqûres, limiter ses déplacements pour éviter de propager la maladie
  • Boire beaucoup d’eau pour maintenir une bonne hydratation
  • Prendre du paracétamol pour soulager les douleurs et la fièvre enrespectant les doses et les conseils d’utilisation indiqués dans la notice.

Se rendre à l’hôpital en cas d’aggravation (pertes de sang, difficultés respiratoires).

Agence régionale de santé Paca – Avril 2022


Tableau comparatif des arboviroses

Les moustiques du genre Aedes sont susceptibles de transmettre des virus pathogènes et notamment ceux de la dengue, du chikungunya, du Zika et de la fièvre jaune.
Si la fièvre jaune est une affection particulièrement préoccupante du fait des conséquences en termes de morbidité et de mortalité, c’est aujourd’hui la seule de ces quatre affections qui, en France, peut être prévenue par une vaccination préventive dans la perspective d’un déplacement dans une zone où cette pathologie sévit (essentiellement l’Afrique sub-saharienne et l’Amérique du Sud).

Les trois autres affections, dengue, chikungunya et Zika, ont une expression clinique, c’est-à-dire qu’une personne contaminée présente des symptômes, variables : les formes asymptomatiques, c’est-à-dire sans signe clinique apparent, sont très probablement très fréquentes mais bien évidemment plus difficiles à caractériser. Pour la forme Zika on évoque entre 50% et 80% de formes asymptomatiques. Le fait qu’une personne contaminée soit asymptomatique n’empêche pas qu’elle soit potentiellement contaminante si un moustique venait à la piquer durant la période virémique (période durant laquelle le virus est présent dans le sang). De plus, pour le virus du Zika, il existe une possibilité de transmission par voie sexuelle avec des conséquences potentiellement très graves pour le fœtus si une femme enceinte est contaminée durant sa grossesse.

Quand elles sont symptomatiques ces pathologies présentent des signes cliniques généraux relativement semblables. Elles se distinguent cependant par des focalisations cliniques qui figurent dans le tableau ci-dessous.

Signes cliniques Dengue Chikungunya Zika Fièvre jaune
Fièvre ++++ +++ +++ ++++
Myalgies ++ ++ ++ ++
Arthralgies ++ ++++ +
Douleur rétro-orbitaires ++ + ++
Eruption maculopapuleuse ++ ++ +++
Ictère +++
Conjonctivite 0 + +++
Lymphadénopathies ++ ++ +
Complications Hémorragie, Choc Formes neurologiques graves, Atteintes articulaires chroniques Formes neurologiques graves , atteintes foetales Hémorragie et décès
Signes biologiques
Leucopénie. thrombopénie +++ +++ +
Transmission possible par voie sexuelle ++
Partager sur